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    Qui sommes-nous ?


    Un lieu de passage entre ciel et terre, où les individus se rencontrent et prennent le temps de se saluer. Le journal Passerelles est imaginé par des jeunes de plusieurs continents. Nous souhaitons créer un patchwork d'expression constructive à partir de rencontres ou d'événements particuliers. Ce premier numéro s'appuie sur la rencontre Europe-Afrique de la jeunesse de décembre 2007 à Lisbonne. Nous voulons à la fois montrer un peu de la diversité culturelle européenne et africaine, mais aussi donner la place à la parole et aux témoignages sur des questions comme la mobilité et l'économie.

     

    Sommaire

    BREVES : Des organisations pour des projets...

    DOSSIER : La mobilité des jeunes

    EXPRESSION : Matins d'Afrique

    CULTURES : d'Afrique et d'Europe

    ECONOMIE : Des accords ou désaccords ?


     La jeune gazette cosmopolite

    Un ours sur la Passerelle

     

    Rédacteur en chef : Guilhem Rols (Gabon)
    Equipe de rédaction : Hana Harit (France), Pierre Cuche (France), Kanelle Populo (France), Cheikh Panda Saw (Sénégal), Amadou Djibril (Egypte), Mohamed Jadri (Maroc), Alina Didilica (Moldavie), Marinela Tane (Roumanie), Jean-Philippe Sun (Norvège), Amélie Charcosset (France)
    Mise en page : Hana Harit, Pierre Cuche, Amélie Charcosset
    Crédits photos : "Ana Mustar" / youthphotos.eu, Kanelle Populo, Guilhem Rols

    Partenaires : CIJEF / CDJSVA Rhône


    Nous contacter : journalpasserelles@gmail.com


     


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  • Une petite PALABRE

     

     

    La mondialisation est faite d'échanges, de rencontres, de métissages, ou de conflits... Les individus branchés ou connectés aux quatre coins du monde partagent entre eux. Le monde virtuel semble libre par rapport à un monde réel conçu sur la confrontation de blocs. Quand l'Europe vote de nouvelles lois pour une politique commune en matière d'immigration, l'Afrique tente de s'unir malgré toutes ses difficultés économiques. L'être humain a besoin d'espace. Certains artistes comme le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly prône « l'ouverture des frontières ». Pourquoi la mobilité serait-elle réservée aux biens économiques plutôt qu'aux personnes, et parmi les personnes, à une partie privilégiée, occidentale de la population mondiale ? En tant que lyonnais, j'ai été accueilli aussi bien en Espagne, en Allemagne ou en Grèce qu'au Sénégal, au Mali et au Niger. J'aimerais rendre la pareille à mes hôtes, mais en matière de mobilité, les Africains ne jouissent pas des avantages que les Occidentaux. Me voici donc reparti pour le Gabon pour effectuer ma troisième année de licence. Quand mes collègues du Nord comme du Sud rêvent d'étudier dans des universités américaines, j'ai décidé de partir pour l'Afrique car celle-ci est riche, riche d'une richesse qui provient tout autant des ressources naturelles qu'intellectuelles. La mobilité n'est pas un luxe, mais une nécessité.
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    Guilhem Rols,
    rédacteur en chef de Passerelles.

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  • Des projets qui s'organisent...
    La francophonie, un monde au milieu du monde

     


    Des jeunes stagiaires au Bénin, au Cameroun, au Togo, à Djibouti pour aider à créer un journal, à former des jeunes, et à chercher des subventions ? Si la presse jeune s'exprime, c'est aussi grâce à des organisations comme le CIJEF, Conseil International des Organisations de Jeunes de la Francophonie. Celle-ci regroupe 31 Conseils Nationaux de Jeunes répartis dans la majorité des régions de la Francophonie.
     

    Exercice de citoyenneté

     


    L'objectif est de faire du CIJEF l'interface privilégiée entre la jeunesse francophone et l'Organisation Internationale de la Francophonie, en dotant les jeunes francophones âgés de 18 à 30 ans d'un cadre de concertation, de consultation, et de participation, leur permettant de pendre part activement aux décisions qui conditionnent leur avenir et celui de nos sociétés. La mission du CIJEF est de contribuer à une meilleure participation des organisations de jeunes en tant que composante importante de la société civile qui oeuvre pour la promotion des valeurs de la francophonie ; notamment la consolidation de la paix, de la démocratie et de l'état de droit. En juillet 2006, a eu lieu la première Assemblée générale ordinaire, tenue à Sinaïa (Roumanie). Elle a permis de consolider les liens entre les membres et l'adoption d'un plan d'action de 2 ans. Le CIJEF tiendra sa prochaine Assemblée générale, en juin 2008, dans le cadre du XIIe Sommet de la Francophonie. http://cijef.blogg.org/
     

     

    Hana Harit

     

     

    Étudiants & Développement


    Riche d'idées et de dynamisme, le monde étudiant porte également de nombreuses interrogations concernant la solidarité internationale... C'est pour répondre aux besoins d'information et d'échange sur ces questions que l'association Etudiants et développement, le réseau des associations étudiantes de solidarité internationale, a été créé. Il rassemble des associations de jeunes et d'étudiants oeuvrant pour la solidarité internationale, tant à travers des projets au Sud qu'à travers des actions d'éducation au développement. La mise en réseau permet aux porteurs de projets de mettre en lumière leur engagement dans la solidarité internationale et de faire entendre leur conception du développement et des relations Nord/Sud. Elle facilite également la sensibilisation du public étudiant aux problématiques de solidarité internationale, la circulation d'informations pratiques entre associations étudiantes de solidarité internationale, et le tissage de liens originaux entre jeunes engagés. Cette mise en réseau et ces dynamiques ne s'arrêtent pas à nos frontières. Jeunes et étudiants de tous horizons (Nord, Sud, Est, Ouest) doivent travailler ensemble à la mise en place de projets communs ainsi qu'à l'élaboration d'une réflexion commune. Les liens développés par Etudiants et développement et les associations du réseau avec des organisations de jeunes du Sud nous permettent d'aller collectivement plus loin dans cette construction de dynamiques communes.
    Plus d'infos : www.etudiantsetdeveloppement.org
     

     

    Pierre Cuche
     

     

    Xibaar, pour votre information


    Le projet Xibaar a été initié en 2003 à Joal Fadiouth. Il fait la promotion de la liberté d'expression et se fixe comme objectif de mettre en réseau la presse initiative jeune sénégalaise. Celle-ci rassemble les journaux scolaires, de villes ou de quartiers et associatifs. Le projet Xibaar recense les journaux jeunes au Sénégal, organise des formations/initiations et des événements qui rassemblent les journalistes jeunes au niveau local ou national. Le concours Tama Presse, festival de la presse jeune au Sénégal, est le point culminant de ses activités. Il rassemble toutes les sortes de journaux jeunes. En perspective le projet Xibaar compte se structurer et rééditer le Tama Presse.
    Cheikh Panda Saw
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    Jeune Nigérien, étudiant au pays des pharaons
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    C'est après l'obtention de mon Brevet en août 99, que mes parents décident de m'envoyer en Égypte poursuivre mes études, puisque malgré mon amour à l'égard des études, elles étaient presque arrêtées. J'étais presque désespéré, car au Niger en 99 l'année scolaire était perturbée par des grèves des enseignants qui réclamaient 9 mois d'arriérés de salaire. En octobre 1999, j'atterris alors à l'aéroport international du Caire. Je voulais pendant les premiers jours retourner au pays, ce n'était pas facile pour un jeune âgé de moins de 15 ans de quitter sa famille pour aller dans un pays étranger.
     

     

    Etudier en Egypte

     


    Tout d'abord, il est bon de savoir qu'étudier en Egypte n'est compatible avec aucune autre activité ; ne comptez pas sur un quelconque travail, car les étudiants étrangers n'ont pas le droit de travailler. Mais de ce que je connais de l'Egypte, c'est un pays de paix, je ne me suis jamais senti en danger. Concernant le racisme, rarement l'on observe des actes agressifs.

     


    Etudiants africains en Egypte

     


    Le nombre des étudiants africains en Egypte est estimé à 15.000 étudiants. Pour ce qui est des nigériens leur nombre est estimé à près de 200 étudiants. La plupart d'entre eux sont boursiers de la grande et célèbre Université islamique d'El Azhar ou ils sont logés, nourris et perçoivent une petite bourse à la fin du mois avec d'autres étudiants de 90 nationalités différentes. Ils suivent l'enseignement dans la langue arabe. Une minorité d'étudiants, à laquelle j'appartiens, fait ses études dans d'autres universités comme l'université du Caire, l'université Senghor, etc. où on suit les cours en français ou en anglais. En ce qui concerne les études, nous avons toujours ce proverbe en tête : « quand tu ne sais pas ce que tu fais, souviens toi de là d'où tu viens ». Juste pour dire que nous sommes conscients dans les études, nous nous donnons à fond, car nos parents comptent sur nous et l'Afrique compte sur ses dignes fils.
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    Amadou Djibril
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    Heureux qui comme Ulysse...

     


    Mes engagements associatifs m'ont permis de voyager un peu en Europe à l'occasion d'Ateliers d'échange et de sessions parlementaires avec le programme Euromed, ou des université d'été francophones. Ces déplacements m'ont permis de découvrir des cultures nouvelles, des habitudes auxquelles il m'était parfois difficile de m'adapter, comme la nourriture ou la barrière de la langue. J'ai en tête un exemple illustratif du choc des cultures qui, je pense, est commun à tous les Africains et qui froisse nos amis Européens : la ponctualité ! Mais l'expérience acquise grâces à ces rencontres interculturelles reste précieuse, j'en ai retiré un riche enseignement sur beaucoup de points tel que le travail d'équipe avec le souci de transparence et de crédibilité au sein du groupe, avoir de l'ambition pour ces projets, le droit à l'information et surtout de la confiance en soi. Je pense avoir de mon côté fait découvrir aux autres ma culture, et j'ai pu corriger l'image que certains Européens avaient de l'Islam. Partir à la découverte du monde ne peut qu'être enrichissant autant pour celui qui part que pour celui qui reçoit. Malheureusement cette chance n'est pas offerte à beaucoup d'Africains.
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    Mohammed Jadri


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    Le monde façonné par une longue histoire de mobilité

     


    Les mouvements de populations sur de longues distances sont structurels dans l'histoire de l'humanité. En 2005, on estime à plus de 200 millions le nombre de migrants internationaux, soit près de 3% de la population mondiale. Les Etats du Nouveau Monde sont le produit historique des migrations. Avec les hommes, ont circulé leur culture, l'individualisme, le capitalisme, l'Etat-nation, les religions et les langues. Pendant plus de quatre siècles, la traite des esclaves a déplacé plus de 10 millions d'Africains vers l'Amérique du Nord, du Sud et les Caraïbes et 17 millions vers les pays arabes. Au XIXe siècle, 52 millions d'Européens fuyants les crises agricoles, la pauvreté et les persécutions rejoignent les Amériques. A ces flux Nord-Nord, et secondairement Nord-Sud, s'ajoutent de vastes déplacements Sud-Sud depuis l'Inde et la Chine vers les grandes plantations de toute l'Asie du Sud-Est. Après la seconde Guerre mondiale, les nécessités de la reconstruction d'une Europe dévastée et la forte croissance économique des Trente Glorieuses réamorcent les mouvements migratoires, d'orientations Sud-Nord cette fois cette fois. D'abord au sein des empires coloniaux, puis entre Etats indépendants, s'organisent d'importantes circulations de travailleurs, relativement fluides et conçues comme provisoires. Depuis le choc pétrolier et le ralentissement économique, les frontières se sont toutes fermées aux migrations. Cette interruption brusque modifie profondément la question migratoire dans les sociétés de départ comme dans celles d'arrivées. « La jeunesse est l'avenir de l'humanité » a-t-on coutume de dire.
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    Hana Harit

     


    Petit regard sur les programmes d'échanges existants

    La place laissée à la mobilité des jeunes sur les deux continents

     


    Depuis plus de dix ans les changements produits dans le monde sur divers plans – politique, économique, culturel et social - ont permis le dialogue interculturel et l'intensification de la communication multiculturelle. La société civile a connu un développement majeur et important pour cette époque, occupant de plus en plus un rôle dominant dans le processus de renforcement démocratique. Les moyens pour faire participer la société civile, notamment la jeunesse, connaissent une diversification et augmentation continue. Nombreuses sociétés, institutions, organismes sont soutiennent nos activités.... Mais surprenant est que l'échange ou l'investissement entre les différentes sociétés du monde se font de manière suivante: de l'Europe vers l'Europe, de l'Afrique vers l'Afrique ou encore de l'Europe vers l'Afrique mais rarement de l'Afrique vers l'Europe. Ce qui veut dire que l'égalité des chances et l'échange est loin d'être un processus équitable, du fait probablement de l'inégalité économique. Toutefois, nous espérons que les choses vont évoluer et seront adaptées aux aspirations des jeunes qui demandent des conditions et des traitements démocratiques équitables, dont la plus compromise est la liberté d'aller et venir qui, rappelons le, est une liberté fondamentale. La Commission européenne abonde de programmes d'échange et de mobilité; échanges scolaire et universitaire, avec au-delà la possibilité d'effectuer un stage dans un pays européen, sans oublier le service volontaire européen et les chantiers bénévoles. Ces initiatives sont encouragées par le développement de programmes européens qui subventionnent les projets d'échange d'expérience ou de bonne pratique. En parallèle, le Conseil de l'Europe s'est fixé comme priorités pour les années 2006 et 2008 l'éducation aux droits de l'homme et le dialogue interculturel, la participation des jeunes et la citoyenneté démocratique, et pour ces causes différents soutiens financiers sont disponibles tels que le Fonds européen pour la jeunesse, le Fonds de solidarité pour la mobilité des jeunes, ou encore des Sessions d'étude. Certains de ces fonds sont utilisés pour une mobilité au-delà des frontières européennes comme Erasmus Mundo pour la mobilité étudiante, qui propose des bourses financées par l'UE aux ressortissants de pays tiers, ainsi qu'aux ressortissants de l'UE qui étudient dans les établissements partenaires à travers le monde. Cette possibilité est offerte uniquement aux étudiants. Récemment on observe la volonté de développer les liens entre les pays africains et européens entourant la Méditerranée notamment avec la Fondation Euromed qui a développé une plate-forme de différentes associations et organisations de jeunes, mais là encore seuls les pays d'Afrique du Nord sont concernés par ce dispositifs. Des stages de formation Afrique-Europe pour les organisations de jeunesse sont proposés par le Conseil de l'Europe dans le cadre de son programme éducation, dont l'ambition est de proposer un espace de formation, centré sur la coopération euroafricaine de la jeunesse et sur les projets de réduction de la pauvreté. En ce qui concerne l'espace francophone, l'OIF lance le service volontaire francophone qui s'adresse aux jeunes africains âgés de 21 à 35 ans souhaitant mettre pendant 12 mois leurs compétences au service d'actions mises en oeuvre dans 9 pays par l'Agence universitaire de la Francophonie, ceci dans le but de développer la mobilité des jeunes africains vers d'autres pays africains. Le CIJEF aura pour sa part envoyé 8 jeunes stagiaires canadiens en 2007 afin d'assister les organisations de jeunes à réaliser des projets de formation et d'information auprès de leurs pairs. Ceux-ci se sont rendus au Bénin, Cameroun, Djibouti, Togo, Moldavie, Ile Maurice, Maroc et Niger. Dans l'ensemble, la mobilité est reconnue comme source de formation, d'apprentissage et d'évolution mais elle semble réservée à une catégorie de jeunes.


    Pour en savoir plus :


    Portail européen de la jeunesse :  

    http://www.europa.eu/youth/


    Programme de volontariat de l'OIF :

    http://www.francophonie.org/actions/developpement/volontariat.cfm

     


    Hana Harit
    Alina Didilica

     

    Passer la frontière
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    Longue distance, voyage fatiguant, air frais de montagne, visages calmes, curieux, architecture intéressante et différente de celle de ma ville.... Oui, je suis dans uneautre ville d'Europe, c'est la Roumanie. Il y a quelques années, j'ai gagné une bourse de Master, à Cluj-Napoca. C'était la première fois que je quittais ma maison en goûtant la vie d'étudiant à l'«étranger». Avec une amie, boursière aussi, nous dûmes passer trois nuits à la gare, en plein automne, à cause du lourd processus bureaucratique d'inscription et d'hébergement. Mais la vie a changé une fois passée cette étape et les transformations m'ont envahie. Première impression, le plaisir d'entendre parler la vraie langue roumaine. Pour moi, qui venais de Moldavie, un pays (postsoviétique, mais roumain) où on parle une sorte de roumain et beaucoup le russe, c'était magnifique. Puis vient l'université, la haute qualité de la prestation des professeurs et – bien sûr – la bibliothèque, une richesse de ressources où j'ai passé des jours entiers.... J'ai remarqué l'ouverture des gens, si sociables, prêts à parler sur n'importe quel sujet, bruyants et experts dans tous les domaines. Ils sont plus dégagés, ont la liberté de penser et de s'exprimer sans peur, souvent parlant beaucoup en disant peu. Une intense vie culturelle et artistique se sent partout : divers spectacles - danse, théâtre, musique, concerts, films, expositions, festivals, fêtes nationales et religieuses... Et tout ça se passe dans une ville tranquille, bien aménagée, propre, montagneuse, pleine d'églises catholiques et orthodoxes, de grands boulevards et de belles places... Le temps a passé vite et je suis revenue chez moi avec l'envie de changer quelque chose, de promouvoir la liberté d'expression et de penser, le droit à l'information du citoyen, pour qu'il puisse connaître et défendre ses droits et libertés. Je garde maintenant de beaux et chauds souvenirs, des liens d'amitié et le fort désir d'y retourner et de prendre encore un peu de l'air roumain qui me manque...

     

     

    Alina Didilica
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    2 commentaires
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    Matins d'Afrique

     

    Matin d'Afrique. J'ai dormi sur la natte étalée en bas, sans moustiquaire. Ce sont les oiseaux qui m'ont réveillée, ils cognent la vitre de leur bec, ça fait plusieurs jours qu'ils font ça à l'aube, je ne comprends pas pourquoi. La cour est déserte, le boeuf dort encore, il ne fait pas très chaud. Je sors le vélo pour aller acheter le pain. Je commence à bien connaître le chemin, j'évite les nids-de-poule, je dis bonjour à l'âne en passant, une voisine m'offre un gâteau et on discute un moment devant chez elle. Je fouille dans mes poches pour trouver de la monnaie, le garçon qui vend le pain m'aide à m'y retrouver parmi les pièces. Matin d'Afrique. J'ai eu du mal à trouver le sommeil, il a plu toute la nuit. Ce matin, la cour est dévastée. Hier soir, on avait mis des seaux pour mesurer le niveau de l'eau, et maintenant ils sont pleins. Il y a des trous, le sol est meuble, le temps semble arrêté. Le calme après la tempête, ou quelque chose comme ça. Je ne le sais pas encore, mais tout à l'heure, il faudra faire des détours pour éviter les chemins inondés, et s'enfoncer dans l'eau jusqu'aux genoux pour traverser la route. Pour l'instant, les poules se réveillent, je retiens mon souffle. Matin d'Afrique. Catherine me salue avec un accent qui chante, je suis heureuse de la voir, et je souris à Aurélia qui, dans son dos, agite la main à travers le tissu du pagne pour me dire bonjour. Catherine est en train de laver le linge dans une calebasse. Mangue et lait concentré sucré, je noue un tissu sur mes hanches. Je ne suis pas d'ici, mais pourtant, aujourd'hui c'est tout comme.

     

    Amélie Charcosset


     P
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